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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

appelées par cela même Infortunées, mais dont la position est indiquée d’une manière beaucoup trop contradictoire pour qu’il soit possible de les reconnaître.

Par 12° de latitude septentrionale et 146° de longitude, le mercredi 6 mars, les navigateurs découvrirent successivement trois îles, auxquelles on aurait bien voulu s’arrêter pour prendre des rafraîchissements et des provisions ; mais les insulaires, qui montèrent à bord, volèrent tant de choses sans qu’il fût possible de les en empêcher, que l’on dut y renoncer. Ils trouvèrent même moyen de s’emparer d’une chaloupe. Magellan, outré d’une telle impudence, fit une descente avec une quarantaine d’hommes armés, brûla un certain nombre de cases et d’embarcations et tua sept hommes. Ces insulaires n’avaient ni chef, ni roi, ni religion. La tête couverte de chapeaux de palmiers, ils portaient une barbe et des cheveux qui leur descendaient jusqu’à la ceinture. Généralement olivâtres, ils croyaient s’embellir en se colorant les dents de noir et de rouge, et leur corps était oint d’huile de coco, sans doute pour se protéger contre l’ardeur du soleil. Leurs canots, singulièrement construits, portaient une très-grande voile en nattes, qui pourrait facilement faire chavirer l’embarcation, s’ils n’avaient la précaution de lui donner une assiette bien plus stable au moyen d’une longue pièce de bois maintenue à une certaine distance par deux perches : c’est ce qu’on appelle le « balancier ». Très-industrieux, ces insulaires avaient pour le vol une aptitude singulière, qui a fait donner à leur pays le nom d’îles des Larrons.