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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/158

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

mais, par suite de diverses circonstances, ces dernières expéditions n’avaient pu avoir lieu. Lui-même était dans cet archipel depuis seize ans, et les Portugais, installés depuis dix ans, gardaient sur ce fait le plus profond silence. Lorsqu’il vit les Espagnols faire leurs préparatifs de départ, Lorosa se rendit à bord avec sa femme et ses effets pour rentrer en Europe. Le 12 novembre furent débarquées toutes les marchandises destinées à faire l’échange, et qui provenaient pour la plupart de quatre jonques dont on s’était emparé à Bornéo. Certes, les Espagnols firent un commerce avantageux, mais cependant pas autant qu’il eût été possible, parce qu’ils étaient pressés de retourner en Espagne. Des embarcations de Gilolo et de Bachian vinrent également trafiquer avec eux, et, peu de jours après, ils reçurent, du roi de Tidor, une provision considérable de clous de girofle. Ce roi les invita à un grand banquet qu’il avait coutume, disait-il, de donner lorsqu’on chargeait les premiers clous de girofle sur un navire ou sur une jonque. Mais les Espagnols, se rappelant ce qui leur était arrivé aux Philippines, refusèrent en faisant présenter des excuses et des compliments au roi. Lorsque leur chargement fut complet, ils mirent à la voile. À peine la Trinidad eut-elle pris la mer qu’on s’aperçut qu’elle avait une voie d’eau considérable, et il fallut au plus vite regagner Tidor. Les habiles plongeurs que le roi mit à la disposition des Espagnols n’ayant pu parvenir à la découvrir, il fallut décharger en partie le navire pour