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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

lement tous les arbres à épices ainsi que tous les fruits des tropiques. Ses forêts renferment des bois précieux, l’ébène, le bois de fer, le tek, célèbre par sa solidité, et employé de toute antiquité pour les constructions luxueuses ; le laurier calilaban, qui donne une huile essentielle aromatique très-recherchée. À cette époque, les animaux domestiques n’étaient qu’en petit nombre aux Moluques, mais, parmi les bêtes sauvages les plus curieuses, on comptait le babiroussa, énorme sanglier aux longues défenses recourbées ; l’opossum, espèce de sarigue un peu plus grande que notre écureuil ; le phalanger, marsupiau qui vit dans les forêts épaisses et sombres, où il se nourrit de feuilles et de fruits ; le tarsier, sorte de gerboise, petit animal fort gracieux, inoffensif, au pelage roussâtre, dont la taille n’est guère plus grande que celle d’un rat, mais dont le corps offre certains rapports avec celui du singe. Parmi les oiseaux, c’étaient les perroquets et les cacatoès, ces oiseaux de paradis, sur lesquels on débitait tant de fables et qu’on croyait jusqu’alors privés de jambes, les martins-pêcheurs et les casoars, grands échassiers presque aussi gros que les autruches.

Un Portugais du nom de Lorosa était depuis longtemps établi aux Moluques. Les Espagnols lui firent tenir une lettre, dans l’espérance qu’il trahirait sa patrie pour s’attacher à l’Espagne. Ils obtinrent de lui les renseignements les plus curieux sur les expéditions que le roi de Portugal avait envoyées au cap de Bonne-Espérance, au Rio de la Plata, et jusqu’aux Moluques ;