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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

dirent pendant le moyen âge si redoutables à l’Europe entière. Mais, si toutes les informations que nous devons aux anciens, grecs et romains, sur ces contrées hyperboréennes sont extrêmement vagues et pour ainsi dire fabuleuses, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les entreprises aventureuses des « hommes du nord. » Les Sagas, — c’est ainsi qu’on désigne les chants islandais et danois, — sont excessivement précises, et les données si nombreuses que nous leur devons se trouvent tous les jours confirmées par les découvertes archéologiques, faites en Amérique, au Groenland, en Islande, en Norvége et en Danemark. Il y a là une source de renseignements des plus précieuses, longtemps inconnue et inexploitée, dont on doit la révélation à l’érudit danois C.-C. Rafn, et qui nous fournit, sur la découverte précolombienne du continent américain, des faits authentiques du plus haut intérêt.

La Norvége était pauvre et chargée de population. De là nécessité d’une émigration permanente qui permît à une notable partie de ses habitants de chercher, dans des régions plus favorisées, la nourriture qu’un sol glacé leur refusait. Lorsqu’ils avaient trouvé quelque contrée assez riche pour leur fournir un abondant butin, ils revenaient au pays et repartaient, le printemps suivant, accompagnés de tous ceux qu’entraînaient l’amour du lucre, de la vie facile et la soif des combats.

Chasseurs et pêcheurs intrépides, accoutumés aux dangers de la navigation entre le continent et cette