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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/171

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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

Islande pour passer l’hiver avec son père, apprit que celui-ci avait rejoint Erik le Rouge au Groenland. Sans hésiter, le jeune homme reprend la mer. Il cherche au hasard un pays dont il ne connaît pas même exactement la situation, et les courants le jettent sur des côtes qu’on croit être celles de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Maine. Il finit cependant par arriver au Groenland, où Erik, le puissant jarl norvégien, lui reprocha de n’avoir pas examiné, avec plus de soin, les pays dont il devait la connaissance à une heureuse fortune de mer.

Erik avait envoyé son fils Leif à la cour de Norvége, tant étaient fréquentes, à cette époque, les relations entre la métropole et ses colonies. Le roi, qui s’était converti au christianisme, venait d’expédier en Islande une mission chargée de renverser le culte d’Odin. Il confia à Leif quelques prêtres qui devaient catéchiser les Groenlandais ; mais, à peine de retour dans sa patrie, le jeune aventurier laissa les saints hommes travailler à l’accomplissement de leur tâche difficile, et, apprenant la découverte de Bjarn, il équipa ses navires et se mit à la recherche des terres entrevues. Successivement, il débarque dans une plaine pierreuse et désolée, à laquelle il donne le nom d’Helluland et qu’on a reconnue sans hésitation pour Terre-Neuve, puis sur une côte basse, sablonneuse, derrière laquelle se déroulait un immense rideau de sombres forêts, égayées par le chant d’innombrables oiseaux. Une troisième fois il reprend la mer, et, poussant au sud, il