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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

Le but annoncé du voyage était de traverser le détroit de Magellan, d’explorer avec soin les côtes occidentales de l’Amérique et de gagner les Moluques, où l’on trouverait pour le retour un chargement d’épices. Le mois d’août 1525 avait été fixé comme date du départ, mais les intrigues du Portugal réussirent à le faire retarder jusqu’en avril 1526.

Différentes circonstances purent dès ce moment faire mal augurer du voyage. Cabot n’avait qu’une autorité nominative, et l’association de marchands, qui avait fait les frais de l’armement, ne l’acceptant pas de bon gré comme chef, avait trouvé le moyen de contrarier tous les plans du voyageur vénitien. C’est ainsi qu’à la place du commandant en second qu’il avait désigne, on lui en imposa un autre, et que des instructions, destinées à être décachetées en pleine mer, furent remises à chaque capitaine. Elles renfermaient cette absurde disposition qu’en cas de mort du capitaine général, onze individus devaient lui succéder chacun à son tour. N’était-ce pas un encouragement donné à l’assassinat ?

À peine était-on hors de la vue de terre que le mécontentement se fit jour. Le bruit se répandit que le capitaine général n’était pas à la hauteur de sa tâche ; puis, comme on vit que ces calomnies ne l’atteignaient pas, on prétendit que la flottille était déjà à court de vivres. La mutinerie éclata dès qu’on fut à terre ; mais Cabot n’était pas homme à se laisser annihiler ; il avait trop souffert de la lâcheté de sir Thomas Pert