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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/228

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

place où courir, carguèrent leurs voiles et s’en allèrent à la dérive ; des autres, plusieurs s’arrêtèrent et jetèrent l’ancre sur une grande île de glace. Les derniers furent si rapidement enfermés au milieu d’un nombre infini d’îlots de glace et de fragments de banquise, que les Anglais furent obligés de s’en remettre, eux et leurs navires, à la merci de la glace, et de protéger les flancs des bâtiments avec des câbles, des coussins, des mâts, des planches et toute espèce d’objets, qui furent suspendus aux bordages, afin de les défendre des chocs furieux et des assauts de la glace. » Frobisher lui-même fut jeté hors de sa route. Dans l’impossibilité de rallier son escadre, il longea la côte occidentale du Groenland par le détroit qui devait bientôt recevoir le nom de Davis, et pénétra jusqu’à la baie de la Comtesse-Warwick. Dès qu’il eut réparé ses bâtiments avec les bois qui devaient servir à la construction de l’habitation, il chargea cinq cents tonneaux de pierres semblables à celles qu’il avait déjà rapportées. Jugeant alors la saison trop avancée, considérant aussi que les provisions avaient été consommées ou perdues avec le Dennis, que les bois de construction avaient été employés à réparer les navires, ayant perdu quarante hommes, il reprit la route d’Angleterre le 31 août. Les tempêtes et les ouragans l’accompagnèrent jusqu’au rivage de sa patrie. Quant aux résultats de son expédition, ils étaient à peu près nuls comme découvertes, et les pierres qu’il était allé charger au milieu de tant de dangers étaient sans valeur.