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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

C’est le dernier voyage arctique auquel ait pris part Frobisher. Nous le retrouvons, en 1585, vice-amiral de Drake ; en 1588, il se distingue contre l’invincible Armada ; en 1590, il fait partie de la flotte de Walter Raleigh sur les côtes d’Espagne ; enfin, dans une descente sur les côtes de France, il est si grièvement blessé qu’il n’a que le temps de ramener son escadre à Portsmouth avant de mourir.

Si les voyages de Frobisher n’eurent que l’intérêt pour but, il faut s’en prendre, non au navigateur, mais aux passions de l’époque. Il n’en est pas moins vrai que, dans des circonstances difficiles et avec des moyens dont l’insuffisance fait sourire, il fit preuve de courage, d’habileté et de persévérance. À Frobisher revient, en un mot, la gloire d’avoir montré la route à ses compatriotes et d’avoir fait les premières découvertes dans les parages où devait s’illustrer le nom anglais.

S’il fallait renoncer à l’espoir de trouver dans les régions circumpolaires des contrées où l’or fût aussi abondant qu’au Pérou, ce n’était pas un motif pour ne pas continuer à y chercher un passage vers la Chine. Des marins très-habiles soutenaient cette opinion, qui rencontra auprès des marchands de Londres d’assez nombreux adhérents. Avec l’aide de plusieurs hauts personnages, deux navires furent équipés : le Sunshine, de cinquante tonneaux et de vingt-trois hommes d’équipage, et le Moonshine, de trente-cinq tonneaux. Ils quittèrent Portsmouth, le 7 juin 1585, sous le commandement de John Davis.