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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/236

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

en grand froid, pauvreté et tristesse, de demeurer tout l’hiver. » On était au 26 août. « Le 30, les glaçons commencèrent à s’entasser l’un sur l’autre contre le navire avec une neige volante. Le navire fut soulevé et environné, de manière que tout ce qui était auprès et alentour commença à craquer et à crever. Il semblait que le navire dût se crever en mille pièces, chose épouvantable à voir et à ouïr et à faire dresser les cheveux. Le navire fut depuis en semblable péril, quand la glace vint dessous, le dressant et poussant comme s’il eût été levé par quelque instrument. » Bientôt le bâtiment craqua tellement que la prudence commanda de débarquer quelques provisions, des voiles, la poudre à canon, le plomb, les arquebuses ainsi que les autres armes, et de dresser une tente ou cabane pour se mettre à l’abri de la neige et des atteintes des ours. Quelques jours plus tard, des matelots qui s’étaient avancés de deux ou trois lieues dans l’intérieur du pays, trouvèrent auprès d’une rivière d’eau douce quantité de bois flotté ; ils y découvrirent en outre des traces de chevreaux sauvages et de rennes. Le 11 septembre, voyant que la baie s’était remplie de blocs énormes, entassés les uns sur les autres et soudés ensemble, les Hollandais comprirent qu’ils allaient être obligés d’hiverner en ce lieu, et résolurent, « afin d’être mieux gardés contre la froidure et armés contre les bêtes féroces, » d’y bâtir une maison qui fût en état de les contenir tous, tandis qu’on abandonnerait à lui-même le navire, qui deve-