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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/316

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

il l’épouse. On pourrait penser que voilà fixée la destinée de cet infatigable voyageur. Il n’en est rien. Della Valle trouve moyen d’accompagner le shah dans sa guerre contre les Turcs et de parcourir pendant quatre années consécutives les provinces de l’Iran. Il quitte Ispahan en 1621, perd sa femme au mois de décembre de la même année, la fait embaumer et se fait suivre de son cercueil pendant quatre autres années, qu’il consacre à explorer Ormuz, les côtes occidentales de l’Inde, le golfe Persique, Alep et la Syrie, pour débarquer enfin à Naples en 1626.

Les pays que visita ce singulier original, poussé par un entraînement vraiment extraordinaire, sont par lui décrits en style alerte, gai, naturel, avec une certaine fidélité même. Mais il inaugure la pléiade des voyageurs amateurs, des curieux et des marchands. Il est le premier de cette féconde race de touristes qui encombrent, tous les ans, la littérature géographique de nombreux volumes, où le savant ne trouve guère à glaner que de maigres renseignements.

Tavernier est un curieux insatiable. À vingt-deux ans, il a parcouru la France, l’Angleterre, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, la Pologne, la Hongrie et l’Italie. Puis, quand l’Europe n’offre plus un aliment suffisant à sa curiosité, il part pour Constantinople, où il s’arrête un an, et gagne la Perse, où l’occasion et

Quelque diable, aussi, le poussant,


il se met à acheter des tapis, des tissus, des pierres