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MISSIONNAIRES ET COLONS

précieuses et ces mille bibelots, pour lesquels la curiosité allait se passionner et qu’elle devait payer des sommes fabuleuses. Le bénéfice que Tavernier tira de sa cargaison l’engage à recommencer son voyage. Mais, en homme sage et prudent, avant de se mettre en route, il apprit chez un joaillier l’art de connaître les pierres précieuses. Pendant quatre voyages successifs, de 1638 à 1663, il parcourut la Perse, le Mogol, les Indes, jusqu’à la frontière de Chine, et les îles de la Sonde. Aveuglé par l’immense fortune que son trafic lui avait procurée, Tavernier voulut jouer au grand seigneur et se vit bientôt à la veille de la ruine. Il espérait la conjurer en envoyant un de ses neveux en Orient avec une pacotille considérable ; mais elle fut au contraire consommée par ce jeune homme, qui, jugeant à propos de s’approprier le dépôt qui lui avait été confié, s’établit à Ispahan.

Tavernier, qui était instruit, a recueilli nombre d’observations intéressantes sur l’histoire, les productions, les mœurs, les usages des pays qu’il a visités. Sa relation a certainement contribué à donner à ses contemporains une idée beaucoup plus juste que celle qu’ils se faisaient des contrées de l’Orient.

Au reste c’est de ce côté que, pendant le règne de Louis XIV, se dirigent tous les voyageurs, quel que soit le but qu’ils se proposent. L’Afrique est entièrement délaissée, et si l’Amérique est le théâtre d’une véritable exploration, elle se fait sans l’aide du gouvernement.