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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Balboa recueillit de précieux renseignements sur cet El Dorado, ce pays de l’or qu’il ne devait pas atteindre lui-même, mais dont il devait faciliter l’accès à ses successeurs.

C’est ainsi qu’il apprit l’existence à six soleils (six jours de voyage) d’une autre mer, l’océan Pacifique, qui baignait le Pérou, pays où l’on trouvait de l’or en grande quantité. Balboa. dont le caractère était aussi fortement trempé que ceux de Cortès et de Pizarre, mais qui n’eut pas comme eux le temps de faire preuve des qualités extraordinaires que la nature lui avait départies, ne se trompa pas sur la valeur de cette information, et comprit toute la gloire qu’une telle découverte ferait jaillir sur son nom.

Il réunit cent quatre-vingt-dix volontaires, tous soldats intrépides, habitués comme lui aux hasards de la guerre, acclimatés aux effluves malsains d’une contrée marécageuse où les fièvres, la dyssenterie et les maladies de foie sont à l’état endémique.

Si l’isthme du Darien n’a pas plus de soixante milles de largeur, il est coupé par une chaîne de hautes montagnes au pied desquelles des terrains d’alluvion, extrêmement fertiles, entretiennent une végétation luxuriante dont les Européens ne peuvent se faire une idée. C’est un fouillis inextricable de lianes, de fougères, d’arbres gigantesques qui cachent complétement le soleil, véritable forêt vierge que coupent par places des flaques d’eau marécageuse et qu’habitent une multitude d’oiseaux, d’insectes et d’animaux dont personne ne vient