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MISSIONNAIRES ET COLONS

bien que sa religion l’empêcherait d’arriver ce à ce qu’on appelle honneurs et avancement. » Comme, suivant son expression, « on n’est pas libre de croire ce qu’on veut, » il résolut de retourner aux Indes, « où, sans être pressé de changer de religion, » il ne pouvait manquer d’atteindre une position honorable. Ainsi donc, la liberté de conscience était alors plus grande en Perse qu’en France. Cette assertion, de la part d’un homme qui a fait la comparaison, est peu flatteuse pour le petit-fils de Henri IV.

Mais, cette fois, Chardin ne suivit pas la même route. Il passa par Smyrne, par Constantinople, et de là, traversant la mer Noire, il débarqua en Crimée sous un costume religieux. En passant à travers la région du Caucase, il eut l’occasion d’étudier les Abkases et les Circassiens. Il pénétra ensuite dans la Mingrélie, où il fut dépouillé d’une partie des bijoux qu’il rapportait d’Europe, de ses effets et de ses papiers. Lui-même ne put échapper que grâce au dévouement des théatins, chez lesquels il avait reçu l’hospitalité. Ce ne fut cependant que pour tomber entre les mains des Turcs, qui le rançonnèrent à leur tour. Il arriva, après d’autres mésaventures, à Tiflis, le 17 décembre 1672. Comme la Géorgie était alors gouvernée par un prince tributaire du shah de Perse, il lui fut facile de gagner Erivan, Tauris, et enfin Ispahan.

Après un séjour de quatre années en Perse et un dernier voyage dans l’Inde, pendant lequel il réalisa une fortune considérable, Chardin revint en Europe