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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

fisant, il réunit ses hommes et leva l’ancre dans la nuit. Velasquez, ainsi joué, dissimula sa colère, mais mit tout en œuvre pour arrêter celui qui venait de secouer toute dépendance avec tant de désinvolture.

À Macaca, Cortès compléta ses approvisionnements et vit se ranger sous sa bannière un grand nombre des compagnons de Grijalva : Pedro de Alvarado et ses frères, Christoval de Olid, Alonzo de Avila, Hernandez de Puerto-Carrero, Gonzalo de Sandoval et Bernal Dias del Castillo, qui devait écrire, de ces événements quorum pars magna fuit, une précieuse chronique. Puis il se dirigea vers la Trinité, port situé sur la côte méridionale de Cuba, où il prit de nouveaux approvisionnements. Pendant ce temps, le gouverneur Verdugo recevait des lettres de Velasquez, lui enjoignant d’arrêter Cortès, à qui le commandement de la flotte venait d’être retiré. Mais c’eût été un acte dangereux pour la sécurité de la ville, et Verdugo s’abstint. Afin de réunir de nouveaux adhérents, Cortès se rendit à la Havane, tandis que son lieutenant Alvarado gagnait par terre le port, où furent faits les derniers préparatifs. Malgré l’insuccès de sa première tentative, Velasquez expédia encore l’ordre d’arrêter Cortès ; mais le gouverneur Pedro Barba comprit sans peine l’impossibilité de l’exécuter au milieu de soldats qui auraient, suivant l’expression de Bernal Dias, volontiers donné leur vie pour Cortès.

Enfin, après avoir bien battu le rappel des volontaires et embarqué tout ce qui lui parut nécessaire, Cortès mit à la voile, le 18 février 1519, avec onze bâtiments,