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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

dont le plus fort jaugeait 100 tonneaux, 110 marins, 553 soldats, dont 13 arquebusiers, 200 Indiens de l’île et quelques femmes pour les travaux domestiques. Ce qui constituait la force de l’expédition, c’étaient ses dix pièces de canon, ses quatre fauconneaux pourvus d’abondantes munitions, et seize chevaux réunis à grand renfort d’argent. C’est avec ces moyens presque misérables et qu’il avait eu cependant tant de peine à rassembler, que Cortès allait entamer la lutte avec un souverain dont les domaines étaient plus étendus que tous ceux de la couronne d’Espagne, — entreprise dont les difficultés l’auraient sans doute fait reculer, s’il en avait pu entrevoir la moitié. Mais, il y a longtemps qu’un poëte l’a dit, la fortune sourit à ceux qui osent.

Après une violente tempête, l’expédition toucha à l’île de Cozumel, dont les habitants, soit par peur des Espagnols, soit par conviction de l’impuissance de leurs dieux, embrassèrent le christianisme. Au moment où la flotte quittait l’île, on eut la chance de recueillir un Espagnol nommé Jeronimo de Aguilar, depuis huit ans prisonnier des Indiens. Cet homme, qui avait parfaitement appris la langue maya, et qui avait autant de prudence que d’adresse, rendit bientôt les plus grands services comme interprète.

Cortès, après avoir doublé le cap Cotoche, descendit dans la baie de Campêche, dépassa Potonchan et remonta le rio Tabasco, dans l’espérance d’y être aussi bien reçu que l’avait été Grijalva et d’y récolter une aussi grande quantité d’or. Mais les dispositions des