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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

sanctuaire et résidence chérie de leurs dieux. Montézuma était bien aise d’y attirer les Espagnols, soit qu’il comptât que les dieux vengeraient eux-mêmes la violation de leurs temples, soit qu’il pensât qu’une sédition et qu’un massacre fussent plus faciles à organiser dans cette ville populeuse et fanatique.

Mais Cortès avait été averti par les Tlascalans d’avoir à se défier des protestations d’amitié et de dévouement des Cholulans. Quoi qu’il en fût, il prit ses quartiers dans l’intérieur de la ville, car il y allait de son prestige de paraître n’avoir rien à redouter. Averti par les Tlascalans que les femmes et les enfants étaient éloignés, et, par Marina, qu’un corps considérable de troupes était concentré aux portes de la cité, que des chausse-trappes et des tranchées étaient creusées dans les rues, tandis que les terrasses se couvraient de pierres et de traits, Cortès prévint ses ennemis, fit saisir les principaux de la ville et organisa le massacre d’une population surprise et privée de ses chefs. Pendant deux jours entiers, les malheureux Cholulans furent en butte à tous les maux que purent inventer la rage des Espagnols et la vengeance des Tlascalans, leurs alliés. Six mille habitants égorgés, les temples brûlés et la ville à moitié détruite, c’était là un exemple terrible, bien fait pour terrifier Montézuma et ses sujets.

Aussi partout, sur les vingt lieues qui le séparaient de la capitale, Cortès fut-il reçu comme un libérateur. Il n’était pas un cacique qui n’eût à se plaindre du despotisme impérial, ce qui confirmait Cortès dans