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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

Ce coup audacieux réussit à Cortès au delà de ses espérances, Qualpopoca, son fils et cinq des principaux artisans de la révolte furent saisis par les Mexicains, remis à un tribunal espagnol, à la fois juge et partie, qui les condamna et les fit brûler vifs. Non content d’avoir puni des hommes qui n’avaient fait qu’exécuter les ordres de leur empereur et s’étaient opposés les armes à la main à l’envahissement de leur pays, Cortès imposa une nouvelle humiliation à Montézuma en lui mettant les fers aux pieds, sous prétexte que les coupables l’avaient accusé au dernier moment.

Pendant six mois, le « conquistador » exerça au nom de l’empereur, réduit au rôle de roi fainéant, l’autorité suprême, changeant les gouverneurs qui lui déplaisaient, faisant rentrer les impôts, présidant à tous les détails de l’administration, envoyant, dans les différentes provinces de l’empire, des Espagnols chargés de reconnaître leurs productions et d’examiner avec un soin tout spécial les districts miniers et les procédés en usage pour la récolte de l’or.

Enfin, Cortès exploitait la curiosité que Montézuma montrait de voir des navires européens pour faire venir de Vera-Cruz des agrès et des apparaux, et pour construire deux brigantins destinés à assurer ses communications par le lac avec la terre ferme.

Enhardi partant de preuves de soumission et d’humilité, Cortès alla plus loin et exigea de Montézuma qu’il se reconnût le vassal et le tributaire de l’Espagne. Cet acte de foi et hommage fut accompagné, on le devine