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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

facilement, de riches et nombreux présents, ainsi que d’une forte contribution qui fut levée sans trop de difficulté. On en profita pour rassembler tout ce qui avait été extorqué en or et en argent aux Indiens, et le fondre, sauf certaines pièces qui furent conservées à cause de la beauté du travail. Le tout ne monta pas à plus de 600,000 pesos, soit 2,500,000 livres. Ainsi, quoique les Espagnols eussent mis en usage toute leur puissance, bien que Montézuma eût épuisé ses trésors pour les rassasier, le produit ne montait qu’à une somme dérisoire, bien peu en rapport avec l’idée que les conquérants s’étaient faite des richesses du pays.

Lorsqu’on eut mis à part le quint du roi, le quint pour Cortès, et qu’on eut distrait de quoi rembourser les sommes avancées pour les frais de l’armement, la part de chaque soldat ne s’éleva pas à cent pesos. Avoir éprouvé tant de fatigues, couru de si grands dangers et souffert tant de privations pour cent pesos, autant aurait valu rester à l’Española ! Si c’était à ce piètre résultat qu’aboutissaient les magnifiques promesses de Cortès, si le partage avait été fait avec justice, ce dont on n’était pas certain, il était dérisoire de rester plus longtemps dans un pays si misérable, alors que, sous un chef moins prodigue de promesses, mais plus généreux, on pouvait gagner des contrées riches en or et en pierreries, où de braves guerriers auraient trouvé une juste compensation à leurs misères. Ainsi murmuraient ces aventuriers avides ; les uns acceptèrent en maugréant ce qui leur revenait, les autres le refusèrent dédaigneusement.