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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

tira aussitôt parti. Il attaqua de tous côtés les Espagnols avec un tel acharnement qu’il leur tua beaucoup de monde et que soixante-deux soldats tombèrent vivants entre ses mains. Cortès lui-même faillit être pris vivant et fut grièvement blessé à la cuisse. Pendant la nuit, le grand temple du dieu de la guerre fut illuminé en signe de triomphe, et les Espagnols entendirent avec une tristesse profonde résonner le grand tambour. Des positions qu’ils occupaient, ils purent assister aux derniers moments de leurs infortunés compatriotes prisonniers auxquels on ouvrit la poitrine pour en arracher le cœur, et dont les corps, précipités au bas des degrés, furent déchirés par les Aztecs, qui s’en disputèrent les morceaux pour en faire un horrible festin.

Cette épouvantable défaite fit traîner le siége en longueur jusqu’au jour où, les trois quarts de la ville étant pris ou détruits, Guatimozin fut obligé par ses conseillers de quitter Mexico et de gagner la terre ferme, où il comptait organiser la résistance. Mais, la barque qui le portait ayant été saisie, il fut fait prisonnier. Il devait montrer dans sa captivité bien plus de force de caractère et de dignité que son oncle Montézuma.

Dès lors, toute résistance cessa, et Cortès put prendre possession de la capitale à moitié détruite. Après une héroïque résistance pendant laquelle 120,000, disent les uns, 240,000 Mexicains, suivant les autres, avaient péri, après un siége qui n’avait pas duré moins de soixante-quinze jours, Mexico, et avec cette cité tout l’empire, succombait moins aux coups que lui avaient portés les