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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

conquérant du Mexique au rôle d’un vulgaire aventurier ; mais Cortès fut certainement un profond politique et un grand capitaine, si l’on doit donner ce nom à l’homme qui accomplit de grandes actions par son seul génie. Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire, qu’une si grande entreprise ait été menée à bonne fin avec des moyens aussi insuffisants. On peut vraiment dire que Cortès a conquis le Mexique avec ses seules ressources.

Son influence sur l’esprit de ses soldats était le résultat naturel de leur confiance dans son habileté, mais on doit l’attribuer aussi à ses manières populaires, qui le rendaient éminemment propre à conduire une bande d’aventuriers. Lorsqu’il fut parvenu à un plus haut rang, si Cortès déploya plus de pompe, ses vétérans, du moins, continuèrent à jouir de la même intimité près de lui. En terminant ce portrait du « conquistador », nous nous associerons pleinement à ce que dit l’honnête et véridique Bernal Diaz : « Il préférait son nom de Cortès à tous les titres qu’on pouvait lui adresser, et il avait de bonnes raisons pour cela, car le nom de Cortès est aussi fameux de nos jours que celui de César parmi les Romains ou d’Annibal parmi les Carthaginois. » Le vieux chroniqueur termine par un trait qui peint bien l’esprit religieux du XVIe siècle : « Peut-être ne devait-il recevoir sa récompense que dans un meilleur monde, et je le crois pleinement ; car c’était un honnête cavalier, très-sincère dans ses dévotions à la Vierge, à l’apôtre saint Pierre et à tous les saints. »