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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

ne pas le reconnaître, demanda quel était cet homme. « C’est, répondit fièrement Cortès, celui qui vous a donné plus d’États que vos pères ne vous ont laissé de villes. » Puis, la faveur publique s’était détournée du Mexique, qui n’avait pas rendu ce qu’on en avait espéré, et tous les esprits étaient alors tendus vers les richesses merveilleuses du Pérou. Accueilli, cependant, avec honneur par le conseil suprême des Indes, Cortès exposa ses griefs ; mais les débats s’éternisèrent, et il ne put obtenir aucune satisfaction. En 1541, lors de la désastreuse expédition de Charles-Quint contre Alger, Cortès, dont les conseils n’avaient pas été écoutés et qui servait comme volontaire, perdit trois émeraudes sculptées d’une grosseur merveilleuse, joyaux qui auraient payé la rançon d’un empire. À son retour, il reprit ses sollicitations avec aussi peu de succès. Il éprouva un tel chagrin de cette injustice et de ces déceptions répétées, que sa santé en fut gravement atteinte. Il mourut loin du théâtre de ses exploits, le 10 novembre 1547, à Castilleja de la Cuesta, au moment où il se disposait à retourner en Amérique.

« C’était un chevalier errant, dit Prescott. De toute cette glorieuse troupe d’aventuriers que l’Espagne du XVIe siècle lança dans la carrière des découvertes et des conquêtes, il n’y en eut pas de plus profondément imbu de l’esprit des entreprises romanesques que Fernand Cortès. La lutte lui plaisait, et il aimait à aborder une entreprise par son côté le plus difficile… »

Cette passion pour le romanesque aurait pu réduire le