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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

retourna encore une fois à Panama tandis que son compagnon l’attendait avec les renforts qu’il devait amener dans la petite île du Coq, où il souffrit beaucoup par la disette où il se trouvait de toutes les choses nécessaires à la vie. »

À son arrivée à Panama, Almagro ne put obtenir de Los Rios, successeur d’Avila, de faire de nouvelles levées, car il ne devait pas permettre, disait-il, qu’un plus grand nombre de gens allassent inutilement périr dans une entreprise téméraire ; il envoya même à l’île du Coq un bâtiment pour ramener Pizarre et ses compagnons. Mais une telle décision ne pouvait plaire à Almagro et à de Luque. C’étaient des frais perdus ; c’était l’anéantissement des espérances que la vue des ornements d’or et d’argent des habitants de Catamez avaient pu leur faire concevoir. Ils dépêchèrent donc un affidé à Pizarre en lui recommandant de persévérer dans sa résolution et de refuser d’obéir aux ordres du gouverneur de Panama. Mais Pizarre eut beau se répandre en promesses séduisantes, le souvenir des fatigues endurées était trop récent, et tous ses compagnons, à l’exception de douze, l’abandonnèrent.

Avec ces hommes intrépides, dont les noms nous sont parvenus et parmi lesquels était Garcia de Xerès, un des historiens de l’expédition, Pizarre se retira dans une île moins voisine de la côte et inhabitée à laquelle il donna le nom de Gorgone.

Là, les Espagnols vécurent misérablement de mangles, de poissons et de coquillages et attendirent cinq