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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/92

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Indiens. Ces deux personnages, d’une figure majestueuse, appelés, Manco-Capac et Mama-Oello, rassemblèrent, vers le milieu du douzième siècle, suivant Garcilasso de la Vega, un grand nombre de tribus errantes et jetèrent les fondements de la ville de Cusco. Manco-Capac avait appris aux hommes l’agriculture et les arts mécaniques, tandis que Mama-Oello enseignait aux femmes l’art de filer et de tisser. Lorsqu’il eut satisfait à ces premières nécessités de toutes les sociétés, Manco-Capac donna des lois à ses sujets et constitua un état politique régulier. C’est ainsi que s’était établie la domination de ces Incas ou seigneurs du Pérou. Leur empire, d’abord borné aux environs de Cusco, n’avait pas tardé à s’agrandir sous leurs successeurs et à s’étendre depuis le tropique du Capricorne jusqu’à l’île des Perles, sur une longueur de trente degrés. Leur pouvoir était devenu aussi absolu que celui des anciens souverains asiatiques : « Aussi, dit Zarate, n’y eut-il peut-être jamais pays au monde où l’obéissance et la soumission des sujets aient été plus loin. Les Incas étaient pour eux de quasi-divinités ; ils n’avaient qu’à mettre un fil tiré de leur bandeau royal entre les mains de quelqu’un pour qu’il fût respecté et obéi partout, jusque-là qu’on avait une déférence si absolue pour les ordres du roi qu’il portait, qu’il pouvait seul et sans aucun secours de soldats exterminer une province entière et y faire périr hommes et femmes, parce qu’à la seule vue de ce fil tiré de la couronne royale, ils s’offraient tous à la mort volontairement et sans aucune résistance. »