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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/121

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Voudriez-vous, s’il vous plaît, réveiller le seigneur Kéraban ?

— Que je réveille ?…

— Oui ! Il n’est que temps ! »

Sans en demander davantage, le Hollandais, dormant encore à moitié, secoua son compagnon.

Rien de tel qu’un sommeil de Turc, quand ce Turc a un bon estomac et une conscience nette. C’était le cas du compagnon de Van Mitten. Il fallut s’y prendre à plusieurs reprises.

Le seigneur Kéraban, sans relever ses paupières, grommelait et grognait, en homme qui n’est pas d’humeur à se rendre. Pour peu qu’il fût aussi têtu dans l’état de sommeil que dans l’état de veille, bien certainement il faudrait le laisser dormir.

Cependant, les insistances de Van Mitten et de Bruno furent telles que le seigneur Kéraban se réveilla, détira ses bras, ouvrit les yeux, et d’une voix encore brouillée d’assoupissement :

« Hum ! fit-il, les chevaux de renfort sont donc arrivés avec le postillon et Nizib ?

— Pas encore, répondit Van Mitten.

— Alors pourquoi me réveiller ?

— Parce que, si les chevaux ne sont pas arrivés, répondit Bruno, d’autres animaux très suspects