Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

141
KÉRABAN-LE-TÊTU.

trant le petit bâtiment mouillé dans les eaux mêmes de l’habitation.

— Peut-être ! répondit Ahmet. Faites entrer. »

Le serviteur se retira, et, un instant après, l’étranger se présentait à la porte de la galerie.

C’était bien le capitaine Yarhud, commandant la tartane Guïdare, rapide navire d’une centaine de tonneaux, aussi propre au cabotage de la mer Noire qu’à la navigation des Échelles du Levant.

À son grand déplaisir, Yarhud avait éprouvé quelque retard avant d’avoir pu jeter l’ancre à portée de la villa du banquier Sélim. Sans perdre une heure, après sa conversation avec Scarpante, l’intendant du seigneur Saffar, il s’était transporté de Constantinople à Odessa par les railways de la Bulgarie et de la Roumanie. Yarhud devançait ainsi de plusieurs jours l’arrivée du seigneur Kéraban, qui, dans sa lenteur de Vieux Turc, ne se déplaçait que de quinze à seize lieues par vingt-quatre heures ; mais, à Odessa, il trouva le temps si mauvais, qu’il n’osa se hasarder à faire sortir la Guïdare du port, et dut attendre que le vent de nord-est eût hâlé un peu la terre d’Europe. Ce matin, seulement, sa tartane avait pu mouiller en vue de la villa. Donc, de ce chef, un retard qui ne lui donnait plus que