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KÉRABAN-LE-TÊTU.

derrière les hauteurs de l’antique Stamboul, laissait déjà la place de Top-Hané dans une sorte de pénombre. Van Mitten ne reconnut donc pas le seigneur Kéraban, qui se croisait avec lui, au moment où il se dirigeait vers les quais de Galata. Il arriva même que, suivant une direction inverse, tous deux se heurtèrent, cherchant en même temps à passer à droite, puis à passer à gauche. De cette contrariété de leurs mouvements, il se produisit là une demi-minute de balancements quelque peu ridicules.

« Eh ! monsieur, je passerai ! dit Kéraban, qui n’était point homme à céder le pas.

— Mais… fit Van Mitten, en essayant, lui, de se ranger poliment, sans y parvenir.

— Je passerai quand même !…

— Mais… » répéta Van Mitten.

Puis, tout à coup, reconnaissant à qui il avait affaire :

« Eh ! mon ami Kéraban ! s’écria-t-il.

— Vous !… vous !… Van Mitten !… répondit Kéraban, au comble de la surprise. Vous !… ici ?… à Constantinople ?

— Moi-même !

— Depuis quand ?