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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Ah ! ce garçon ? dit le seigneur Kéraban, en faisant un petit signe à Bruno, qui crut devoir s’incliner à la turque, et ramener ses bras à son chapeau, comme les deux anses d’une amphore.

— Oui, reprit Van Mitten, ce brave garçon, qui voulait déjà m’abandonner et repartir pour…

— Repartir ! s’écria Kéraban. Repartir, sans que je lui en aie donné la permission !

— Oui, ami Kéraban. Il ne la trouve pas trop gaie ni très vivante, cette capitale de l’empire ottoman !

— Un mausolée ! répondit Bruno ! Personne dans les magasins !… Pas une voiture sur les places !… Des ombres qui passent dans les rues, et qui vous volent votre pipe !

— Mais c’est le Ramadan, Van Mitten ! répondit le seigneur Kéraban. Nous sommes en plein Ramadan !

— Ah ! c’est le Ramadan ? reprit Bruno. Alors tout s’explique ! — Eh, s’il vous plaît, qu’est-ce que cela, le Ramadan ?

— Un temps de jeûne et d’abstinence, répondit Kéraban. Pendant toute sa durée, il est défendu de boire, de fumer, de manger, entre le lever et le coucher du soleil. Mais, dans une demi-heure,