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KÉRABAN-LE-TÊTU.

moi !… Mais, si je n’avais précédé mon oncle, c’était lui qui se jetait à votre secours !

— Par Mahomet, je le crois bien ! s’écria Kéraban.

— Et dire qu’un seigneur si entêté a si bon cœur ! ne put s’empêcher de murmurer Nedjeb.

— Ah ! cette petite qui me relance ! riposta Kéraban. Et pourtant, mes amis, avouez que mon entêtement a quelquefois du bon !

— Quelquefois ? demanda Van Mitten, très incrédule à ce sujet. Je voudrais bien savoir…

— Sans doute, ami Van Mitten ! Si j’avais cédé aux fantaisies d’Ahmet, si nous avions pris les railways de la Crimée et du Caucase, au lieu de suivre la côte, Ahmet se serait-il trouvé là, au moment du naufrage, pour sauver sa fiancée ?

— Non, sans doute, reprit Van Mitten ; mais, ami Kéraban, si vous ne l’aviez forcé à quitter Odessa, sans doute aussi l’enlèvement ne se fût pas accompli et…

— Ah ! c’est ainsi que vous raisonnez, Van Mitten ! Vous voulez discuter à ce sujet ?

— Non !… non !… répondit Ahmet, qui sentait bien que, dans une discussion présentée de la sorte, le Hollandais n’aurait pas le dessus. Il est un peu tard, d’ailleurs, pour raisonner et déraisonner sur