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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/158

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

d’empêcher toute supercherie !… Mais dans l’ombre, c’est absurde !

— En effet, dit Van Mitten…

— Ainsi vais-je faire, reprit Kéraban, et je vous engage fort à suivre mon exemple.

— Eh ! mon oncle, reprit Ahmet, qu’on lui caresse ou qu’on ne lui caresse pas le dos, vous savez bien que cet animal ne bêlera pas plus pour les innocents que pour les coupables !

— Évidemment, Ahmet, mais puisque ce bonhomme de juge est assez simple pour opérer de la sorte, je prétends être moins simple que lui, et je ne toucherai pas à sa bête !… Et je vous prie même de faire comme moi !

— Mais, mon oncle ?…

— Ah ! pas de discussion là-dessus, répondit Kéraban, qui commençait à s’échauffer.

— Cependant… dit le Hollandais.

— Van Mitten, si vous étiez assez naïf pour frotter le dos de cette chèvre je ne vous le pardonnerais pas !

— Soit ! Je ne frotterai rien du tout, pour ne point vous désobliger, ami Kéraban !… Peu importe, d’ailleurs, puisque, dans l’ombre, on ne nous verra pas ! »