Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

160
KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Il le faut ! répéta Saraboul, qui vint à son tour le saisir par le bras gauche.

— Puisqu’il le faut ! répondit Van Mitten, que ses jambes n’avaient plus la force de soutenir.

— Quoi ! mon maître, vous allez encore céder là-dessus ? dit Bruno en s’approchant.

— Le moyen de faire autrement, Bruno ! murmura Van Mitten d’une si faible voix qu’on put à peine l’entendre.

— Allons, droit ! s’écria le seigneur Yanar, en relevant d’un coup sec son futur beau-frère.

— Et ferme ! répéta la noble Saraboul, en redressant, elle aussi, son futur époux.

— Ainsi que doit être le beau-frère…

— Et le mari d’une Kurde ! »

Van Mitten s’était redressé vivement sous cette double poussée ; mais sa tête ne cessait de ballotter, comme si elle en eût été à demi détachée de ses épaules.

« Une Kurde !… murmurait-il… Moi… citoyen de Rotterdam… épouser une Kurde !

— Ne craignez rien !… Mariage pour rire ! lui dit bas à l’oreille le seigneur Kéraban.

— Il ne faut jamais rire avec ces choses-là ! » répondit Van Mitten d’un ton si piteusement co-