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KÉRABAN-LE-TÊTU.

toute la première partie de ce voyage, Van Mitten se fût réjoui à la pensée de visiter une cité si fameuse, que les romans de chevalerie ont, en outre, choisie pour cadre à leurs merveilleuses aventures.

Mais, quand il se faisait cette joie, Van Mitten était libre de tout souci. Il n’avait qu’à suivre son ami Kéraban sur cet itinéraire qui contournait l’antique Pont-Euxin. Et maintenant, fiancé — provisoirement du moins, pour quelques jours seulement, — mais fiancé à cette noble Kurde qui le tenait en laisse, il n’était plus d’humeur à pouvoir apprécier les splendeurs historiques de Trébizonde.

Ce fut le 17 septembre, vers neuf heures du matin, deux heures après avoir quitté le caravansérail de Rissar, que le seigneur Kéraban et ses compagnons, le seigneur Yanar, sa sœur et leurs serviteurs, firent une superbe entrée dans la capitale du pachalik moderne, bâtie au milieu d’une campagne alpestre, avec vallées, montagnes, cours d’eau capricieux, — paysage qui rappelle volontiers quelques aspects de l’Europe centrale : on dirait que des morceaux de la Suisse et du Tyrol ont été transportés sur cette portion du littoral de la mer Noire.