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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/204

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Le soir, après une journée d’une vingtaine de lieues, la caravane s’arrêtait et couchait à Tireboli. Là, le « caïwak », fait avec la caillette des agneaux sorte de crème obtenue par l’attiédissement du lait, le « yaourk », fromage fabriqué avec du lait aigri au moyen de présure, furent sérieusement appréciés de voyageurs qu’une longue route avait mis en appétit. D’ailleurs, le mouton, sous toutes ses formes, ne manquait point au repas, et Nizib put s’en régaler, sans craindre d’enfreindre la loi musulmane. Bruno, cette fois, ne put lui chicaner sa part du souper.

Cette petite bourgade, qui n’est même qu’un simple village, fut quittée dès le matin du 19 septembre. Dans la journée, on dépassa Zèpe et son port étroit, où peuvent s’abriter seulement trois ou quatre bâtiments de commerce d’un médiocre tirant d’eau. Puis, toujours sous la direction du guide, qui, sans contredit, connaissait parfaitement ces routes à peine tracées quelquefois au milieu de longues plaines, on arrivait très tard à Kérésoum, après une étape de vingt-cinq lieues.

Kérésoum est bâtie au pied d’une colline, dans un double escarpement de la côte. Cette ancienne Pharnacea, où les Dix Mille s’arrêtèrent pendant