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KÉRABAN-LE-TÊTU.

dix jours pour y réparer leurs forces, est très pittoresque avec les ruines de son château qui dominent l’entrée du port.

Là, le seigneur Kéraban aurait pu aisément faire une ample provision de tuyaux de pipe en bois de cerisier, qui sont l’objet d’un important commerce. En effet, le cerisier abonde sur cette partie du pachalik, et Van Mitten crut devoir raconter à sa fiancée ce grand fait historique : c’est que ce fut précisément de Kérésoum que le proconsul Lucullus envoya les premiers cerisiers qui furent acclimatés en Europe.

Saraboul n’avait jamais entendu parler du célèbre gourmet et ne parut prendre qu’un médiocre intérêt aux savantes dissertations de Van Mitten. Celui-ci, toujours sous la domination de cette altière personne, faisait bien le plus triste Kurde qu’on pût imaginer. Et cependant, son ami Kéraban, sans qu’on pût deviner s’il plaisantait ou non, ne cessait de le féliciter sur la façon dont il portait son nouveau costume, — ce qui faisait hausser les épaules à Bruno.

« Oui, Van Mitten, oui ! répétait Kéraban, cela vous va parfaitement, cette robe, ce chalwar, ce turban et, pour être un Kurde au complet, il ne