Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

16
KÉRABAN-LE-TÊTU.

surément sur les régions transcaucasiennes, et elle a saisi Batoum comme elle saisira plus tard les dernières limites du Lazistan.

Là, Ahmet n’était donc pas encore chez lui, comme il y eût été quelques années auparavant. Il lui fallut dépasser Günièh, à l’embouchure du Tchorock, et, à vingt verstes de Batoum, la bourgade de Makrialos, pour atteindre la frontière, dix verstes plus loin.

En cet endroit, au bord de la route, un homme attendait sous l’œil peu paternel d’un détachement de Cosaques, les deux pieds posés sur la limite du sol ottoman, dans un état de fureur plus facile à comprendre qu’à décrire.

C’était le seigneur Kéraban.

Il était six heures du soir, et depuis le minuit de la veille, — instant précis où il avait été rendu à la liberté en dehors du territoire russe, — le seigneur Kéraban ne décolérait pas.

Une assez pauvre cabane, bâtie au flanc de la route, misérablement habitée, mal couverte, mal close, encore plus mal fournie de vivres, lui avait servi d’abri ou plutôt de refuge.

Une demi-verste avant d’y arriver, Ahmet et Van Mitten, ayant aperçu, l’un son oncle, l’autre son