aux autorités ottomanes, d’être allé de Constantinople à Scutari sans payer, je pense que vous ne refuserez pas…
— Je refuserai ! répondit nettement Kéraban.
— Alors on ne vous laissera pas passer ! reprit Sélim.
— Soit !… Je ne passerai pas !
— Et notre mariage… s’écria Ahmet, notre mariage qui doit être fait aujourd’hui même ?
— Vous vous marierez sans moi !
— C’est impossible ! Vous êtes mon tuteur, oncle Kéraban, et, vous le savez bien, votre présence est indispensable !
— Eh bien, Ahmet, attends que j’aie fait établir mon domicile à Scutari… et tu te marieras à Scutari ! »
Toutes ces réponses étaient envoyées d’un ton cassant, qui devait laisser peu d’espoir aux contradicteurs de l’entêté personnage.
« Ami Kéraban, reprit Sélim, c’est aujourd’hui le dernier jour… vous entendez bien, et toute la fortune qui doit revenir à ma fille, sera perdue, si… »
Kéraban fit un signe de tête négatif, lequel fut accompagné d’un geste plus négatif encore.