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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Mon oncle, s’écria Ahmet, vous ne voudrez pas…

— Si l’on veut m’obliger à payer dix paras, répondit Kéraban, jamais, non, jamais je ne passerai le Bosphore ! Par Allah ! plutôt refaire le tour de la mer Noire pour revenir à Constantinople ! »

Et en vérité, le têtu eût été homme à recommencer !

« Mon oncle, reprit Ahmet, c’est mal ce que vous faites là !… Cet entêtement, en pareille circonstance, permettez-moi de vous le dire, ne peut s’expliquer d’un homme tel que vous !… Vous allez causer le malheur de ceux qui n’ont jamais eu pour vous que la plus vive amitié !… C’est mal !

— Ahmet, fais attention à tes paroles ! répondit Kéraban d’un ton sourd, qui indiquait une colère prête à éclater.

— Non, mon oncle, non !… Mon cœur déborde, et rien ne m’empêchera de parler !… C’est… c’est d’un mauvais homme !

— Cher Ahmet, dit alors Amasia, calmez-vous ! Ne parlez pas ainsi de votre oncle !… Si cette fortune sur laquelle vous aviez le droit de compter vous échappe… renoncez à ce mariage !

— Que je renonce à vous, répondit Ahmet en