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KÉRABAN-LE-TÊTU.

pressant la jeune fille sur son cœur ! Jamais !… Non !… Jamais !… Venez !… Quittons cette ville pour n’y plus revenir ! Il nous restera bien encore de quoi pouvoir payer dix paras pour passer à Constantinople ! »

Et Ahmet, dans un mouvement dont il n’était plus maître, entraîna la jeune fille vers la porte.

« Kéraban ?… dit Sélim, qui voulut tenter, une dernière fois, de faire revenir son ami sur sa détermination.

— Laissez-moi, Sélim, laissez-moi !

— Hélas ! partons, mon père ! » dit Amasia, jetant sur Kéraban un regard humide de larmes qu’elle retenait à grand’peine.

Et elle allait se diriger avec Ahmet vers la porte du salon, quand celui-ci s’arrêta.

« Une dernière fois, mon oncle, dit-il, vous refusez de nous accompagner à Constantinople, chez le juge, où votre présence est indispensable pour notre mariage ?

— Ce que je refuse, répondit Kéraban, dont le pied frappa le parquet à le défoncer, c’est de jamais me soumettre à payer cette taxe !

— Kéraban ! dit Sélim.

— Non ! par Allah ! Non !