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KÉRABAN-LE-TÊTU.

verait pas son pareil dans toute la Hollande !

— C’est mon avis ! répondit assez sèchement Saraboul.

— Oui ! j’ai passé, et sans payer, reprit Kéraban en s’adressant cette fois au chef de police, oui ! sans payer…, si ce n’est deux mille piastres que m’a coûté ma place dans la brouette et les huit cent mille dépensées pendant le voyage !

— Tous mes compliments, » répondit le chef de police, qui n’avait pas autre chose à faire qu’à s’incliner devant un entêtement pareil.

Les cris d’acclamation retentirent alors de toutes parts en l’honneur du seigneur Kéraban, pendant que ce bienfaisant têtu embrassait de bon cœur sa fille Amasia et son fils Ahmet.

Mais il n’était point homme à perdre son temps, — même dans l’enivrement du triomphe.

« Et maintenant, allons chez le juge de Constantinople ! dit-il.

— Oui, mon oncle, chez le juge, répondit Ahmet. Ah ! vous êtes bien le meilleur des hommes !

— Et, quoi que vous en disiez, répliqua le seigneur Kéraban, pas entêté du tout… à moins qu’on ne me contrarie ! »