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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Il est inutile d’insister sur ce qui se passa ensuite. Ce jour même, dans l’après-midi, le juge recevait le contrat, puis, l’iman disait une prière à la mosquée, puis, on rentrait à la maison de Galata, et, avant que le minuit du 30 de ce mois fût sonné, Ahmet était marié, bien marié, à sa chère Amasia, à la richissime fille du banquier Sélim.

Le soir même, Van Mitten, anéanti, se préparait à partir pour le Kurdistan en compagnie du seigneur Yanar, son beau-frère, et de la noble Saraboul, dont une dernière cérémonie, en ce pays lointain, allait faire définitivement sa femme.

Au moment des adieux, en présence d’Ahmet, d’Amasia, de Nedjeb, de Bruno, il ne put s’empêcher de dire avec un doux reproche à son ami :

« Quand je pense, Kéraban, que c’est pour n’avoir pas voulu vous contrarier que me voilà marié… marié une seconde fois !

— Mon pauvre Van Mitten, répondit le seigneur Kéraban, si ce mariage devient autre chose qu’un rêve, je ne me le pardonnerai jamais !

— Un rêve !… reprit Van Mitten ! Est-ce que cela a l’air d’un rêve ! Ah ! sans cette dépêche !… »

Et, en parlant ainsi, il tirait de sa poche la