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KÉRABAN-LE-TÊTU.

en grommelant au fond de l’araba, tandis que son maître jetait un coup d’œil ému à ce romantique paysage, où se retrouvait toute la propreté hollandaise unie au pittoresque italien.

Il en fut d’Artachen comme de Witse et d’Archawa. On y relaya à trois heures du soir ; on en repartit à quatre ; mais, sur une sérieuse mise en demeure de Bruno, qui ne lui permettait plus de temporiser, son maître s’engagea à faire sa demande, avant d’arriver à la bourgade d’Atina, où il avait été convenu que l’on passerait la nuit.

Il y avait cinq lieues à enlever pour atteindre cette bourgade, — ce qui porterait à une quinzaine de lieues le parcours fait dans cette journée. En vérité, ce n’était pas mal pour une simple charrette ; mais la pluie, qui menaçait de tomber, allait la retarder, sans doute, en rendant la route peu praticable.

Ahmet ne voyait pas sans inquiétude la période du mauvais temps s’accuser avec cette obstination. Les nuages orageux grossissaient au large. L’atmosphère alourdie rendait la respiration difficile. Très certainement, dans la nuit ou le soir, un orage éclaterait en mer. Après les premiers coups de foudre, l’espace, profondément troublé par les