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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/55

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Van Mitten avait dit tout ce qu’il voulait dire. Il attendait la réponse du seigneur Kéraban. Serait-ce un simple acquiescement à une demande si naturelle, ou se formulerait-elle par quelque prise à partie dans un éclat de colère ?

Le Hollandais courbait la tête, sans oser lever les yeux sur son terrible compagnon.

« Van Mitten, répondit Kéraban d’un ton plus calme qu’on n’aurait pu l’espérer, Van Mitten, vous voudrez bien admettre que votre proposition ait lieu de m’étonner, et qu’elle soit même de nature à provoquer…

— Ami Kéraban !… s’écria Van Mitten, qui sur ce mot, crut à quelque violence imminente.

— Laissez-moi achever, je vous prie ! dit Kéraban. Vous devez bien penser que je ne puis voir cette séparation sans un réel chagrin ! J’ajoute même que je ne me serais pas attendu à cela de la part d’un correspondant, lié à moi par trente ans d’affaires…

— Kéraban ! fit Van Mitten.

— Eh ! par Allah ! laissez-moi donc achever ! s’écria Kéraban, qui ne put retenir ce mouvement si naturel chez lui. Mais, après tout, Van Mitten, vous êtes libre ! Vous n’êtes ni mon parent ni mon