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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ment, cela me faisait de la peine de vous voir réduit à ce fromage de chèvre !

— Ceci doit être du mouton, monsieur Bruno !

— Je le crois, Nizib. »

Et Bruno, attirant le plat devant lui, commença à découper le morceau que Nizib dévorait du regard.

« Eh bien ! dit-il.

— Oui… du mouton… répondit Bruno, ce doit-être du mouton !… Du reste, nous avons rencontré tant de troupeaux de ces intéressants quadrupèdes sur notre route !… C’est à croire, vraiment, qu’il n’y a que des moutons dans le pays !

— Eh bien ?… dit Nizib en tendant son assiette.

— Attendez, … Nizib, … attendez !… Dans votre intérêt, il vaut mieux que je m’assure… Vous comprenez, ici… à quelques lieues seulement de la frontière… c’est presque encore de la cuisine russe… Et les Russes… il faut s’en défier !

— Je vous répète, monsieur Bruno, que, cette fois, il n’y a pas d’erreur possible !

— Non… répondit Bruno qui venait de goûter au nouveau plat, c’est bien du mouton, et cependant…