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attaque et défense.

Néanmoins le temps s’écoule, les indigènes redoublent leurs efforts, et, malgré leur courageuse résistance, les défenseurs ne pourront les contenir. Vers dix heures, les grilles sont arrachées. Devant la foule hurlante qui envahit le square, le commodore Simcoë est forcé de se rabattre vers l’hôtel de ville, où il faudra se défendre comme dans une forteresse.

Tout en reculant, les miliciens et les marins cèdent pied à pied. Peut-être, maintenant qu’ils ont forcé l’enceinte de la ville, les Néo-Hébridiens, entraînés par l’instinct du pillage, vont-ils se disperser à travers les divers quartiers, ce qui permettrait aux Milliardais de reprendre quelque avantage…

Vain espoir ! Le capitaine Sarol ne laissera pas les indigènes se jeter hors de la Unième Avenue. C’est par là qu’ils atteindront l’hôtel de ville, où ils réduiront les derniers efforts des assiégés. Lorsque le capitaine Sarol en sera maître, la victoire sera définitive. L’heure du pillage et du massacre aura sonné.

« Décidément… ils sont trop ! » répète Frascolin, dont une zagaie vient d’effleurer le bras.

Et les flèches de pleuvoir, les balles aussi, tandis que le recul s’accentue.

Vers deux heures, les défenseurs ont été refoulés jusqu’au square de l’hôtel de ville. De morts, on en compte déjà une cinquantaine des deux parts, — de blessés, le double ou le triple. Avant que le palais municipal ait été envahi par les indigènes, on s’y précipite, on en ferme les portes, on oblige les femmes et les enfants à chercher un refuge dans les appartements intérieurs, où ils seront à l’abri des projectiles. Puis Cyrus Bikerstaff, le roi de Malécarlie, le commodore Simcoë, le colonel Stewart, Jem Tankerdon, Nat Coverley, leurs amis, les miliciens et les marins se postent aux fenêtres, et le feu recommence avec une nouvelle violence.

« Il faut tenir ici, dit le gouverneur. C’est notre dernière chance, et que Dieu fasse un miracle pour nous sauver ! »

L’assaut est aussitôt donné par ordre du capitaine Sarol, qui se