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l’île à hélice.

— Non, Messieurs… pendant le premier, et j’ai rarement entendu exécuter avec plus de talent ce quatuor d’Onslow ! »

Ledit personnage est un connaisseur, à n’en pas douter.

« Monsieur, répond Sébastien Zorn au nom de ses camarades, nous sommes très sensibles à vos compliments… Si notre second morceau a déchiré vos oreilles, c’est que…

— Monsieur, répond l’inconnu, en interrompant une phrase qui eût été longue, je n’ai jamais entendu jouer si faux avec tant de perfection. Mais j’ai compris pourquoi vous agissiez de la sorte. C’était pour réveiller ces braves habitants de Freschal, qui se sont déjà rendormis… Eh bien, messieurs, ce que vous tentiez d’obtenir d’eux par ce moyen désespéré, permettez-moi de vous l’offrir…

— L’hospitalité ?… demande Frascolin.

— Oui, l’hospitalité, une hospitalité ultra-écossaise. Si je ne me trompe, j’ai devant moi ce Quatuor Concertant, renommé dans toute notre superbe Amérique, qui ne lui a pas marchandé son enthousiasme…

— Monsieur, croit devoir dire Frascolin, nous sommes vraiment flattés… Et… cette hospitalité, où pourrions-nous la trouver, grâce à vous ?…

— À deux milles d’ici.

— Dans un autre village ?…

— Non… dans une ville.

— Une ville importante ?…

— Assurément.

— Permettez, observe Pinchinat, on nous a dit qu’il n’y avait aucune ville avant San-Diégo…

— C’est une erreur… que je ne saurais m’expliquer.

— Une erreur ?… répète Frascolin.

— Oui, messieurs, et, si vous voulez m’accompagner, je vous promets l’accueil auquel ont droit des artistes de votre valeur.

— Je suis d’avis d’accepter… dit Yvernès.

— Et je partage ton avis, affirme Pinchinat.