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l’île à hélice.

— Soit, répond Frascolin, mais nous avons aussi perdu une jambe, et celle qui reste ne nous servira guère ! »

Borgne et boiteux, c’était trop.

De l’enquête il résulte ainsi que les avaries n’étant pas réparables, il sera impossible d’enrayer la marche vers le sud. D’où nécessité d’attendre que Standard-Island sorte de ce courant qui l’entraîne au delà du tropique.

Ces dégâts reconnus, il y a lieu de vérifier l’état dans lequel se trouvent les compartiments de la coque. N’ont-ils pas souffert du mouvement giratoire qui les a si violemment secoués pendant ces huit jours ?… Les tôles ont-elles largué, les rivets ont-ils joué ?… Si des voies d’eau se sont ouvertes, quel moyen aura-t-on de les aveugler ?…

Les ingénieurs procèdent à cette seconde enquête. Leurs rapports, communiqués au commodore Simcoë, ne sont rien moins que rassurants. En maint endroit, le tiraillement a fait craquer les plaques et brisé les entretoises. Des milliers de boulons ont sauté, des déchirements se sont produits. Certains compartiments sont déjà envahis par la mer. Mais, comme la ligne de flottaison n’a point baissé, la solidité du sol métallique n’est pas sérieusement compromise, et les nouveaux propriétaires de Standard-Island n’ont point à craindre pour leur propriété. C’est à la batterie de la Poupe que les fissures sont plus nombreuses. Quant à Bâbord-Harbour, un de ses piers s’est englouti après l’explosion… Mais Tribord-Harbour est intact, et ses darses offrent toute sécurité aux navires contre les houles du large.

Cependant des ordres sont donnés afin que ce qu’il y a de réparable soit fait sans retard. Il importe que la population soit tranquillisée au point de vue matériel. C’est assez, c’est trop que, faute de ses moteurs de bâbord, Standard-Island ne puisse se diriger vers la terre la plus proche. À cela, nul remède.

Reste la question si grave de la faim et de la soif… Les réserves sont-elles suffisantes pour un mois… pour deux mois ?…

Voici les relevés fournis par le commodore Simcoë :

En ce qui concerne l’eau, rien à redouter. Si l’une des usines dis-