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l’île à hélice.

rage au moyen des chaînes que fournissent les magasins de Tribord-Harbour. Le commodore Simcoë estime que, dans ces conditions, ce chapelet flottant pourra faire de huit à dix milles par vingt-quatre heures. Donc, en cinq jours, aidé par les courants, il aura franchi les cinquante milles qui le séparent de la Nouvelle-Zélande. Or, on a l’assurance que les approvisionnements peuvent durer jusqu’à cette date. Par prudence, cependant, en prévision de retards, le rationnement sera maintenu dans toute sa rigueur.

Les préparatifs terminés, Tribord-Harbour prend la tête du chapelet vers sept heures du soir. Sous la propulsion de ses hélices, les deux autres fragments, mis à sa remorque, se déplacent lentement sur cette mer au calme plat.

Le lendemain, au lever du jour, les vigies ont perdu de vue les dernières épaves de Standard-Island.

Aucun incident à relater pendant les 4, 5, 6, 7 et 8 avril. Le temps est favorable, la houle est à peine sensible, et la navigation s’effectue dans d’excellentes conditions.

Vers huit heures du matin, le 9 avril, la terre est signalée par bâbord devant, — une terre haute, que l’on a pu apercevoir d’une assez grande distance.

Le point ayant été fait, avec les instruments conservés à Tribord-Harbour, il n’y a aucun doute sur l’identité de cette terre.

C’est la pointe d’Ika-Na-Mawi, la grande île septentrionale de la Nouvelle-Zélande.

Une journée et une nuit se passent encore et, le lendemain, 10 avril, dans la matinée, Tribord-Harbour vient s’échouer à une encablure du littoral de la baie Ravaraki.

Quelle satisfaction, quelle sécurité toute cette population éprouve à sentir sous son pied la vraie terre et non plus ce sol factice de Standard-Island ! Et cependant combien de temps n’eût pas duré ce solide appareil maritime, si les passions humaines, plus fortes que les vents et la mer, n’eussent travaillé à sa destruction !

Les naufragés sont très hospitalièrement reçus par les Néo-Zélan-