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l’île à hélice.

— Et cependant, monsieur Yvernès, ces deux sections sont nées de la même mère…

— Mais… pas du même père ?… fait observer Pinchinat.

— Si… du même père, mes excellents amis ! Seulement, elles ont été élevées d’une façon différente. On les a appropriées aux convenances de ceux qui devaient y venir chercher une existence tranquille, heureuse, exempte de tout souci… une existence que ne peut offrir aucune cité ni de l’ancien ni du nouveau continent.

— Par Apollon, monsieur Munbar, répond Yvernès, prenez garde de trop surexciter notre curiosité !… C’est comme si vous chantiez une de ces phrases musicales qui laissent longuement désirer la tonique…

— Et cela finit par fatiguer l’oreille ! ajoute Sébastien Zorn. Voyons, le moment est-il venu où vous consentirez à nous apprendre le nom de cette ville extraordinaire ?…

— Pas encore, mes chers hôtes, répond l’Américain en rajustant son binocle d’or sur son appendice nasal. Attendez la fin de notre promenade, et continuons…

— Avant de continuer, dit Frascolin, qui sent une sorte de vague inquiétude se mêler au sentiment de curiosité, j’ai une proposition à faire.

— Et laquelle ?…

— Pourquoi ne monterions-nous pas à la flèche de Saint-Mary Church. De là, nous pourrions voir…

— Non pas ! s’écrie Calistus Munbar, en secouant sa grosse tête ébouriffée… pas maintenant… plus tard…

— Et quand ?… demande le violoncelliste, qui commence à s’agacer de tant de mystérieuses échappatoires.

— Au terme de notre excursion, monsieur Zorn.

— Nous reviendrons alors à cette église ?…

— Non, mes amis, et notre promenade se terminera par une visite à l’observatoire, dont la tour est d’un tiers plus élevée que la flèche de Saint-Mary Church.