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le quatuor concertant déconcerté.

— Mais enfin, reprend Frascolin en insistant, pourquoi ne pas profiter en ce moment ?…

— Parce que… vous me feriez manquer mon effet ! »

Et il n’y a pas moyen de tirer une autre réponse de cet énigmatique personnage.

Le mieux étant de se soumettre, les diverses avenues de la deuxième section sort parcourues consciencieusement. Puis on visite les quartiers commerçants, ceux des tailleurs, des bottiers, des chapeliers, des bouchers, des épiciers, des boulangers, des fruitiers, etc. Calistus Munbar, salué de la plupart des personnes qu’il rencontre, rend ces saluts avec une vaniteuse satisfaction. Il ne tarit pas en boniments, tel un montreur de phénomènes, et sa langue ne cesse de carillonner comme le battant d’une cloche un jour de fête.

Environ vers deux heures, le quatuor est arrivé de ce côté aux limites de la ville, ceinte d’une superbe grille, agrémentée de fleurs et de plantes grimpantes. Au delà s’étend la campagne, dont la ligne circulaire se confond avec l’horizon du ciel.

En cet endroit, Frascolin se fait à lui-même une remarque qu’il ne croit pas devoir communiquer à ses camarades. Tout cela s’expliquera sans doute au sommet de la tour de l’observatoire. Cette remarque porte sur ceci que le soleil, au lieu de se trouver dans le sud-ouest, comme il aurait dû l’être à deux heures, se trouve dans le sud-est.

Il y a là de quoi étonner un esprit aussi réfléchi que celui de Frascolin, et il commençait à « se matagraboliser la cervelle », comme dit Rabelais, lorsque Calistus Munbar change le cours de ses idées en s’écriant :

« Messieurs, le tram va partir dans quelques minutes. En route pour le port…

— Le port ?… réplique Sébastien Zorn…

— Oh ! un trajet d’un mille tout au plus, — ce qui vous permettra d’admirer notre parc ! »

S’il y a un port, il faut qu’il soit situé un peu au-dessus ou un peu