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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

jusqu’à ce que le gouverneur ait statué. Gardes, veuillez commencer l’appel.

Toute résistance était impossible. L’un après l’autre, chaque passager descendit dans sa cabine respective en compagnie d’un agent. C’est alors que fut expliquée la présence des deux femmes amenées par le corrégidor.

Celui-ci achevait de parcourir le navire. Les cordages furent soulevés, des hommes furent envoyés dans les hunes et jusqu’à la pomme des mâts. Pas un recoin ne fut oublié, au cours de cette perquisition conduite avec une admirable méthode.

Mais le meilleur limier ne peut rien trouver où il n’y a rien, et il était écrit que le malin corrégidor reviendrait bredouille de cette chasse impossible. À sept heures, tout avait été vu et revu inutilement.

— Libre pratique vous est rendue, dit-il aigrement à Thompson en se dirigeant vers la coupée.

— Nous pouvons donc descendre à terre ?

— Parfaitement.

— Et quitter l’île aussi sans doute ? insinua Thompson.

— Pour cela, monsieur, répondit sèchement le corrégidor, vous voudrez bien attendre que nous ayons reçu une réponse au rapport que nous allons incessamment envoyer à Tercère. »

Et, tandis que Thompson demeurait sur place, accablé, le corrégidor disparut, emmenant avec lui son escorte d’agents, de visiteurs et de visiteuses. Seuls, dix hommes de police commandés par un lieutenant demeuraient à bord, chargés de surveiller le navire consigné.

Pendant le dîner, les conversations furent vives. On était unanime à qualifier sévèrement la conduite du gouvernement portugais. Retenir le Seamew avant la perquisition, passe encore ! Mais après !

On se lasse de tout cependant, de la colère comme du reste. Bientôt, Alice put, au milieu d’un calme relatif, se risquer à transmettre à ses compagnons l’invitation de la gentille