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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

renço, tandis que s’élevaient à leur tour les « Desertas », dont les trois îlots complètent l’archipel avec les récifs les « Salvages ». À ce moment, la côte septentrionale de l’île se déroulait aux yeux des passagers dans toute son abrupte puissance.

En créant Madère, le Seigneur, visiblement, n’a pas cherché à faire du nouveau. Toujours de hautes falaises verticales, des promontoires aigus et sauvages, des monts convulsés séparés par de profondes et sombres vallées. C’est le modèle des Açores, mais un modèle achevé, agrandi, décuplé.

Au-dessus des durs rivages, une autre mer s’étend sous le ciel. Mer de verdure, celle-là, ayant pour vagues un nombre immense d’arbres géants. Tapissés par cette futaie comme par un gazon à leur taille, les monts s’étagent, grandissant, dominés tous au centre par les mille huit cent cinquante mètres du pic Ruivo.

Peu à peu le rivage nord se profila, et enfin le cap São-Lourenço, pointe orientale de l’île, fut doublé vers trois heures. Le Seamew s’en approcha à moins de deux milles, et l’on put facilement apercevoir le mât des signaux et le phare élevés à son extrémité.

Le capitaine fit alors ranger la terre de plus près encore, et le rivage méridional se déroula sous les yeux des passagers enthousiasmés.

Ce furent d’abord les roches basses dont est forme le cap São-Lourenço ainsi que la langue de terre qui le relie au reste de l’île. Puis la côte se releva, pour former les monstrueux contreforts qui soutiennent les montagnes du centre. Entre chacun d’eux, des villages se cachaient, délicieux à cette distance : Machico, Santa-Cruz, Caniçal, que Robert nommait au passage.

À quatre heures, un nouveau cap, le « Cabo Garajao », se dressa devant le navire. Quelques tours d’hélice suffirent à le doubler et, peu d’instants après, le Seamew mouillait en rade de Funchal, au milieu d’une flotte nombreuse, aux mâts de laquelle flottaient les pavillons de toutes les nations.